Afin d’assurer la pérennité de son action, Jane Goodall, éthologue de renommée internationale, vient de créer une Fondation caritative à Genève. Des premières réflexions jusqu’à l’aboutissement du projet, un cheminement basé sur la confiance qu’elle a décidé de mener avec Arnaud Apffel.
« Depuis quelque temps déjà, je songeais à créer une fondation afin de m’assurer de la pérennité des organisations que j’ai mises en place et pour lesquelles je me suis toujours battue. Faire la connaissance d’Arnaud a été un catalyseur, j’ai choisi de me lancer dans cette démarche avec son aide », raconte Jane Goodall, éthologue et anthropologue britannique, “Messager de la Paix” des Nations Unies, dont les travaux sur les chimpanzés ont profondément transformé les rapports homme-animal.
U N I N T E R L O C U T E U R D E C O N F I A N C E
Une fois l’idée initiale arrêtée, il faut se faire conseiller pour le choix de structure optimal (plus concrètement, que mettre en place, comment, avec qui, où…), et piloter le projet jusqu’à sa mise en place effective. Avoir un interlocuteur de confiance s’avère donc souvent clé.
L’aventure a commencé en octobre 2016, à l’occasion du Congrès Mondial pour la Préservation de la Nature organisé par l’UICN à Hawaï. Jane Goodall y donnait une conférence (et a d’ailleurs été accueillie par une standing ovation), Arnaud Apffel accompagnait l’une des Fondations qu’il conseille, invité à donner une présentation sur les meilleures techniques de gestion des patrimoines financiers des institutions caritatives. « Depuis l’adolescence, je suis un grand admirateur de Jane (ma mère avait “In the Shadow of Man” comme livre de chevet !). Sa détermination dès le plus jeune âge, son énergie inépuisable, sa capacité à rassembler autour d’une cause, son dévouement pour la planète et les générations futures, tout m’impressionne dans son parcours de vie. Mais ce n’est rien en comparaison de ce qu’il se passe lorsqu’on la rencontre », sourit Arnaud.
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Le parcours de Jane Goodall n’a effectivement rien d’ordinaire. Née à Londres, sans diplôme scientifique mais passionnée par les animaux et la nature, elle décide à 26 ans de partir pour la Tanzanie afin d’observer les chimpanzés dans leur habitat naturel. Commence alors une étude qui deviendra la plus longue jamais menée sur le terrain. Ses travaux en immersion ont notamment permis de découvrir que ces primates utilisaient des outils, et ils ont bouleversé notre compréhension du monde animal.
Récompensée et distinguée à de nombreuses reprises, Jane a élargi son champ d’action à la préservation de l’environnement et à l’éducation en la matière. Aujourd’hui, âgée de bientôt 84 ans, elle a créé 37 instituts (JGI – Jane Goodall Institute) et programmes éducatifs (Roots and Shoots) à travers le monde, permettant à tous, jeunes ou moins jeunes, d’agir de manière concrète pour la planète.
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Afin de contribuer au fonctionnement de ses instituts, Jane passe plus de 300 jours par an en voyage et lève entre 20 et 25 millions de dollars chaque année. Comment s’assurer de la pérennité de ces structures si un jour elle n’est plus en mesure de mener ces campagnes ? « Quand nous avons abordé ces questions lors de notre déjeuner, Arnaud a tout de suite offert de m’accompagner dans ces réflexions, d’être mon guide sur ce chemin. Je lis dans les yeux. J’ai tout de suite su que je pouvais m’en remettre à lui. », explique l’éthologue.
L A C R E A T I O N D ‘ U N E F O N D A T I O N
S’engagent alors les étapes de création d’une Fondation, à commencer par la clarification des objectifs[1]. En sus de la pérennisation des organisations actuelles, sont venus se rajouter par exemple les projets transnationaux, les actions d’urgence (qui nécessitent des capitaux non fléchés et immédiatement disponibles), ou encore la facilitation de la création de nouveaux instituts.
Du plan financier (calibrage du capital en fonction des besoins) au plan juridique (écriture des statuts), du choix de la domiciliation à la composition du premier Conseil de Fondation, en passant par le choix d’un avocat, d’un notaire, d’un banquier (liste non limitative !) : « Mon rôle a été celui d’un architecte, comme je peux le faire avec Perennium. A chaque étape, j’explique les enjeux, je propose des options, je formule des recommandations. J’ai aussi impliqué mon réseau, pour trouver à la fois les acteurs les plus compétents dans chaque domaine mais aussi ceux qui partagent nos valeurs. Les personnes qui ont collaboré à la mise en place de la Fondation de Jane connaissent et admirent son œuvre. », raconte Arnaud. Et d’ajouter : « C’est un héritage exceptionnel et exemplaire à transmettre aux générations futures. Jane est porteuse d’espoir. Cette flamme ne doit jamais s’éteindre. ».
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Inscrite au Registre du Commerce de Genève en juin 2017, la « Jane Goodall Legacy Foundation » est reconnue d’utilité publique et à ce titre exonérée d’impôts. Ses comptes bancaires sont prêts à recevoir les premiers dons. Mais du côté d’Arnaud, la pression ne retombe pas pour autant. « Jane m’a demandé de faire partie du Conseil d’Administration », confie-t-il. « A ce titre je suis impliqué dans la levée de fonds, dont les objectifs sont ambitieux (USD 200 millions à horizon de 5 ans). Et bien sûr, quand un potentiel grand donateur veut savoir comment son argent sera investi, je suis en première ligne pour expliquer notre Politique d’Investissement et notamment les aspects responsables et durables. ». La levée de fonds commence bien, avec un premier don significatif en provenance d’une fondation basée à Taiwan, une preuve de plus de la reconnaissance internationale des travaux et de l’œuvre de Jane Goodall. Et la sortie (d’abord en Amérique du Nord à l’automne 2017 puis dans le reste du monde cette année) du documentaire de Brett Morgen sur sa vie, intitulé simplement « Jane », tombe à pic…
En savoir plus :
http://www.janegoodall.org/
Twitter : @JaneGoodallInst
Facebook : @janegoodallinst
Instagram : janegoodallinst
[1] Le but d’une fondation (surtout si elle est à durée illimitée) est son principal garde-fou. Il servira d‘orientation stratégique aux Conseils de Fondation qui se succéderont. Une fois la fondation créée, son but ne peut en principe plus être modifié (à moins que le fondateur n’ait intégré à l’acte de fondation une clause de « réserve de modification du but »).